Les grandes lignes du projet de loi Dupond-Moretti
Dans des interviews au Point et à France Inter, Éric Dupond-Moretti a annoncé les premières lignes de son projet de loi « pour la confiance dans l'institution judiciaire ». Si l'avocat en entreprise a disparu, les crédits de réduction de peine automatique seront supprimés.
Dans la première interview qu'il donne au Point, sur son futur projet de loi « pour la confiance dans l'institution judiciaire », Éric Dupond-Moretti esquisse sa réforme. Le texte sera très prochainement transmis au Conseil d'État, avec une première lecture au Parlement en mai. Des annonces qu'il a complétées sur France Inter ce mercredi matin.
Crédits de réduction de peine automatiques
IIls seront supprimés. En contrepartie, les réductions de peine pour bonne conduite ou pour effort de réinsertion, qui sont décidées par les juges de l'application des peines, seront étendues et évaluées annuellement. A noter, les crédits automatiques pouvaient être retirés aux détenus en cas de mauvaise conduite. L'administration pénitentiaire perdra donc un levier de sanction. La réforme ne sera pas rétroactive. Elle aura toutefois des effets importants sur la surpopulation carcérale. C'est notamment pour cette raison que l'Assemblée l'avait rejetée en 2018.
Assises et cours criminelles
L'expérimentation des cours criminelles, dont les premiers retours sont satisfaisants, est maintenue.
Concernant les cours d'assises, comme le recommandait le rapport Getti (v. le rapport joint à cet article, déjà mentionné par le Canard enchaîné), une audience criminelle d'orientation permettra aux parties de s'entendre sur le déroulement du procès. Le rapport du président en ouverture des débats ne sera plus calqué sur l'acte d'accusation. Le nombre de jurés sera augmenté, pour qu'une majorité de citoyens soit nécessaire pour condamner l'accusé.
Encadrement des enquêtes préliminaires
Des deux options proposées par le rapport Mattéi, c'est la plus contraignante pour les enquêteurs qui a été retenue. Les enquêtes préliminaires seront limitées deux ans, avec prolongation possible d'un an après accord motivé du procureur.
Si le mis en cause fait l'objet d'une audition ou d'une perquisition, il aura accès au dossier au bout d'un an. En cas de fuite d'une partie du dossier dans les médias causant une atteinte à la présomption d'innocence, il pourra y accéder sans délai.
Secret de l'avocat
Les perquisitions de cabinet, les écoutes et les fadettes ne seront autorisées que si l'avocat concerné est suspecté d'avoir commis une infraction.
L'idée soulevée par le rapport Mattéi d'une plateforme rassemblant les coordonnées des avocats pour empêcher les écoutes va être expertisée.
Audiences filmées
Sur autorisation de la Chancellerie, des audiences pourront être filmées pour le service public de la télévision, sous certaines précautions pour les victimes et accusés (droit à l'oubli, affaires définitivement jugées, floutage, absence de rediffusion).
Déontologie des officiers publics et ministériels : le texte contiendra des dispositions sur ce sujet (v. Dalloz actualité, 18 janv. 2021, art. P. Januel).
Médiation
Les accords des parties auront force exécutoire sans passer par un juge, simplement par visa du greffe de la juridiction compétente.
Avocat en entreprise et legal privilege
Annoncée dans les travaux préparatoires, la réforme n'est pour l'instant plus évoquée.
Par Pierre Januel
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